PIHAENA, TE TOA MATA ARA
Fédération Aimeho To’u Ora

Conférence de presse du Lundi 12 Janvier 2004

Textes et dossiers sont consultables en ligne sur www.pihaena.com

Présentation de la Fédération

L’union faisant la force, la fédération Aimeho To’u Ora s’est formée il y a deux ans afin de lutter plus efficacement pour la préservation de l’environnement de Moorea. Elle regroupe huit associations réparties géographiquement sur l’île.

La fédération se veut regard vigilant et se fait porte-parole des volontés positives pour la protection durable de notre environnement. Elle essaye ainsi de travailler en liaison avec la population, les communautés scientifiques, les instances communales, le territoire et l’état.

Actions de la fédération

Afin de prévenir les dégradations infligées à l’environnement, la fédération :

- est à l’écoute des doléances de la population,

- suit les enquêtes publiques,

- étudie les études d’impact,

- prends l’avis des scientifiques et spécialistes,

- questionne les instances,

- mets en oeuvre des moyens d’information de la population (cf. fiches de sensibilisation)

En particulier, un dossier recensant les problèmes majeurs rencontrés à Moorea (protection du littoral, contrôle des terrassements et des remblais, gestion des rejets, respect des droits du domaine public, gestion des accès au domaine public, etc.) a été réalisé et présenté au président du territoire, à l'administrateur des îles du vent, aux ministres de l'environnement, de l'équipement, de l'urbanisme, et au maire de Moorea. (Par la suite, l’exhumation d’études préalables à une charte sur l’environnement, réalisées en 1995-96, nous a clairement montré que les problèmes autant que des solutions avaient été analysés depuis longtemps, mais que ces études ont été passé sous silence, pour ne rien déranger).

Problèmes rencontrés

- Aux ministères, les discours sont sympathiques, mais donnent peu de suites, (quand on ne nous ment pas effrontément, cf. compte rendu), il y a une grande inertie, et les contacts téléphoniques sont toujours aussi vagues et peu engagés. Face à nos considérations sensibles, on nous répond facilement en termes de « facteurs économiques et progrès ».

- Le service des TP est diligent lorsque nous les appelons, mais quand ils arrivent à faire stopper une action contraire à la loi, il n’y a pas de suites judiciaires, et les propriétaires fautifs continuent souvent leurs infractions en toute impunité.

- Il y a un manque d’agents assermentés flagrant. Il est très difficile d’en trouver un, plus encore de le faire se déplacer, et presque impossible de faire donner des suites, de part des blocages à tous niveaux. (cf. terrassements, remblais, rejets, etc.)

- A la Mairie, lorsqu’on nous écoute vraiment (2eme adjoint au maire qui lit La Dépêche pendant un entretien), on nous répond souvent par un bla-bla démagogue et de mauvaise foi, plutôt que d’engager un travail commun constructif.

Pour résumer : Nous voulons travailler avec tous en bonne intelligence, mais devant le peu de prise en considération de notre fédération et de ses messages, nous pensons, si cela ne s’améliore pas, ne pas attendre des autres et continuer notre chemin en prenant une position de groupe de force, par devoir moral envers la population qui nous soutient, envers les générations à venir, et envers l’île et sa nature. Pour cela, l’année 2004 verra notre implication juridique active sur tous les sujets non conformes aux réglementations diverses, et leur réel suivi tout au long des étapes administratives.

Deux points particuliers : golf et bungalows sur l’eau

Projet de golf de Temae :

Le promoteur n’a toujours pas répondu aux doléances exprimées dans le registre d’enquête publique liée à l’étude d’impact, en particulier :

- il n’y a pas de cahiers des charges, aucune garantie n’est mentionnée, aucun suivi proposé,

- l’étude ne précise pas comment seront fournies les tonnes de m3 d’eau nécessaires,

- au vu des communications souterraines entre lac et lagon, qu’en est-il des pesticides utilisés pour les gazons ?

- il n’y a pas d’indications sur la conduite des travaux et leurs normes,

- il est fait référence à des documents non joints,

- les engagements du promoteur ne sont pas mis à jour

- la vie dans le lagon va s’éteindre, dû à la salinisation du lagon, mais les nonos, eux, ne

disparaîtront pas, contrairement à ce qu’essaye de suggérer le promoteur.

- etc., etc.

(De l’avis des professionnels, les études d’impact ne sont d’ailleurs que des formalités administratives nécessaires du point de vue légal, mais très rarement prises en compte).

Egalement, alors que nous lisons régulièrement que le projet est sur le point de démarrer, nous attendons toujours l’annonce de la réunion d’information à la population promise par le Maire et le promoteur. Peut-être l’avis des habitants n’importe en rien, comme le laisse suggérer l’étude d’impact, qui mentionne bien les crabes, poissons et canards à sourcils, mais aucunement la population riveraine du lac de Temae...

Bungalows sur l’eau :

Depuis 1995, il a été demandé à la population, à travers 8 ans de réunions préparatoires au PGEM, de concevoir une réglementation de son espace maritime. Parmi les nombreuses propositions résultantes, la population a toujours affirmé : « Pas de bungalows sur l’eau ! »

(Rappelons d’ailleurs que lors de l’enquête publique de 2001 sur l’extension de bungalows sur l’eau de l’hôtel Sheraton, plus de 1400 signatures contre avaient été recueillies).

Lors de réunions du CLEM, suite à un subtil chantage du Maire et des instances collégiales (si vous refusez, le PGEM sera mis à la poubelle) le consensus fut « l’acceptation » d’une proportion de 15% de bungalows sur l’eau par projet hôtelier. Le Maire expliquant par ailleurs que, après résultats de l’enquête publique, si la population se disait contre, lui-même se rangerait à son avis. Lors de l’enquête publique, en été 2003, plus de 3000 signatures contre ces bungalows sur l’eau ont été jointes au dossier, mais aucunement prises en compte. Au retour du PGEM, il est question de 40%. Il n’y a pas là « consensus après de longues discussions », mais bien imposition de la part du gouvernement, et un aval en l’état lors de la réunion du CLEM.

Il est à noter, étonnamment, que l’avis d’un seul propriétaire de voilier peut conduire au changement d’un article (cf. chapitre 7 du PGEM), mais que plus de 3000 habitants de Moorea affirmant leur volonté de ne plus voir de bungalows sur l’eau ne sont pas écoutés.

Dans la Dépêche du 13 décembre 2003, Mr le maire dit : « il faut savoir faire des concessions des deux côtés. » Peut-être est-il temps, au contraire, d’en accorder moins, surtout des maritimes...


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